♣ Votre histoire :::Attention, histoire horrible à suivre ! Âmes sensibles évitez de lire, je ne suis pas rentré dans la description morbide (c'est pas mon truc) mais ça peut choquer quand même '-'« Alors ma chérie ? Comment sont les autres Yajuus ? »Encore et toujours cette même question. Et même si elle savait quoi répondre pour éviter d'être punie elle n'aimait pas mentir à sa mère.
« Ils sont méchants et ne pensent qu'à nous asservir... »« Et qu'est-ce qu'on fait aux méchants ma libellule ? »« On les empêche d'être méchant... »Clémentine put retourner jouer tranquillement, sa leçon terminée. Elle vivait avec toute sa famille dans une grande maison dans un état plutôt mauvais, faute d'argent. Toute son enfance, Clémentine avait été élevée comme une arme, un outil de vengeance de la part de ses parents à qui on avait tout pris. Considérés comme inférieurs par beaucoup, sa famille avait été exploitée, parfois tuée. Ils vivaient reclus pour échapper à tout cela.
Mais ses parents avaient décidé de riposter avec elle. Elle serait forte, implacable, capable de vivre à l'extérieur sans se faire marcher sur les pieds. Elle serait capable de tuer à mains nues si il le fallait. Bien entendu ils ne faisaient que projeter leurs propres faiblesses sur l'enfant, mais mis à part sa seule grand-mère encore vivante, tous les autres membres de la famille étaient entièrement d'accord avec cela.
Ce qu'ils n'avaient pas prévu était que Clémentine était strictement incapable de faire du mal à quelqu'un. Ils l'avaient entraînée, elle ne manquait pas de force ou d'endurance mais le moment venu, elle n'y arrivait pas. Son cousin la traitait de faiblarde et la maltraitait à l'écart du regard des autres. Lorsqu'on remarquait ses bleus elle disait toujours avec un grand sourire
« Je me suis fait ça en m'entraînant ! ».
« Tes ennemis te poignarderont de face et tes amis le feront dans le dos. » La phrase préférée de son père. Dès ses sept ans, Clémentine espérait de tout son coeur d'enfant d'être capable d'enfin faire du mal à quelqu'un, pour que ses parents et sa famille soient fiers. Par ce qu'elle les aimait. Elle se répétait tout les jours les leçons horribles destinées à lui faire haïr le monde dans l'espoir, vain, qu'elle aussi y arrive. La nuit, il lui arrivait même, avant de s'endormir, de faire une prière muette à toutes les divinités qui voudraient bien l'entendre. Dans l'espoir que le lendemain elle se réveille comme son cousin, violente.
Alors qu'elle venait de fêter sa première dizaine d'année, Clémentine commençait à être délaissée par ses parents. Ils lui préféraient son cousin et eussent espéré que ce fut leur fils. Tandis que Clémentine continuait à faire avec assiduité tous ses exercices sans jamais faiblir, le mot d'encouragement se faisait rare. Puis absent. Jusqu'à ce jour.
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Ou plutôt cette nuit. Clémentine dormait à poings fermés lorsqu'elle entendit la porte de sa petite chambre s'ouvrir puis se refermer. Les yeux embrumés, la pièce éclairée seulement par ce que les rideaux laissaient filtrer de la lune, elle mit quelques secondes à deviner qu'il s'agissait de son cousin. La voix endormie elle commençait
« Hm.. pourquoi tu me réveilles en pleine nu... »
Le coup qui vint fut rapide et brutal. Sonnée, elle n'eut pas le temps de réagir. Son cousin la bâillonna avant qu'elle ne reprenne ses esprits.
« Si tu ne veux pas que ça se passe mal, alors fait tout ce que je te dirais, d'accord ? Cousine. »
Clémentine hocha la tête, que pouvait-elle faire d'autre ? Elle ne comprit pas cette nuit là ce que lui voulait son cousin et se laissa faire, rentrant dans une espèce de torpeur dans laquelle le temps passait sans l'atteindre. Elle ne se rendit même pas compte lorsqu'il quitta la pièce, la laissant là, nue sur son lit. Au final son cerveau avait tout bloqué et n'avait même pas permis à son corps de se transformer pour s'échapper.
Cependant le lendemain tout avait changé. Lorsqu'elle descendit prendre son petit déjeuner ses parents lui parlèrent. Clémentine n'en revenait pas. Le reste de la famille aussi. Tous se montraient beaucoup plus sympathique qu'à l'accoutumée. Les mauvais souvenirs de la nuit se dissipaient comme la brume au soleil. Par quel miracle était-elle revenue dans les bonnes grâces de sa famille ? Le jeune esprit de Clémentine ne put formuler qu'une seule explication.
C'était grâce à son cousin.Je passerais sous silence ce qui se passa durant les mois qui suivirent. Les liens qui la reliaient à sa famille se renforcèrent tandis que Clémentine revoyait toujours son cousin la nuit. Et même si il lui faisait mal, même si elle avait compris que ce n'était pas quelque chose qu'il aurait du lui faire, que c'était mal, elle n'arrivait pas à lui en vouloir. Après tout elle s'était réconciliée
grâce à lui…
Son quotidien malsain continuait invariablement de jour en jour, sans qu'elle ne se sente malheureuse. Après tout peut-on regretter le soleil lorsqu'on ne sait pas ce que c'est ? Jusqu'au jour où, à 12 ans, elle rencontra le monde extérieur en la personne d'Armand Duhammel. Contrôleur des impôts. Elle avait été consignée dans sa chambre se jour là et ne comprenait pas pourquoi. Lorsqu'elle brava l'interdit et descendit les escaliers, elle tomba nez-à-nez avec cet homme d'une quarantaine d'année, les cheveux grisonnants par endroit, dans un costume impeccable. Et disons qu'elle bah… Elle n'avait pas grand-chose à se mettre de décent, qu'elle ne s'était pas lavée depuis quelques jours et qu'elle avait un œil au beurre noir en plus d'autres bleus.
L'homme resta coi devant la gamine et réciproquement. Clémentine n'avait jamais vu personne d'aussi beau et lui de jeune fille dans un état aussi lamentable. Pour la première fois son lien d'empathie fut activée consciemment. Elle voulait parler avec cet homme. Elle projeta ses sentiments pour la première fois et pour la première fois en reçut tout autant. Le dégoût qu'avait ressenti l'homme en la voyant, sa colère à l'encontre de sa famille, tout ceci s'insuffla en elle et s’entrechoqua avec ses propres sentiments. Ce fut trop brutal pour elle et elle s'évanouit.
L'homme resta un instant interdit tandis que l'enfant était devenu un joli petit papillon, amorphe sur le sol. Regardant à droite et à gauche pour voir si personne n'avait assisté à la scène, il prit l'animal dans ses mains et sortit une boite d'allumettes dont il vida le contenu avant de mettre l'insecte en sûreté.
"Puis-je savoir ce que vous cachez dans cette boîte, cher monsieur ?"Une vieille dame, l'air revêche, descendait de l'escalier en regardant l'homme droit dans les yeux.
"Je.. je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler...""Ha, tant mieux alors. J'ai du me tromper. J'avais cru voir ma petite fille descendre les marches..."Se faisant, la grand-mère arriva côte-à-côte avec l'homme. Elle se mit alors à parler tout bas.
"Cela fait bien longtemps que notre famille a oublié ce qu'était l'amour. Un peu comme ce monde. Si vous pouvez la garder à l'abri de la guerre et faire en sorte qu'elle reçoive ce que ses parents ont été incapable de lui donner alors disons que je vais retourner la chercher dans les étages."Ne sachant trop quoi répondre, l'homme opina du chef, trop surpris pour réfléchir calmement. Les événements s'étaient enchaînés beaucoup trop rapidement pour lui et il fallait qu'il sorte d'ici au plus vite pour tout mettre au clair. Avant de repartir, la grand-mère détacha le lourd bijou qu'elle portait pour le glisser dans la poche de l'homme.
"On me prend ici pour une folle, autant qu'on méprisait cette enfant. Je ne pense pas qu'ils se douteront de ce qu'il est advenu de ce collier. Donnez un avenir à la petite."La vieille dame remonta ensuite les marches une à une, la démarche lourde. Tandis que l'homme se dépêcha de quitter les lieux, prétextant un rendez-vous urgent.
Clémentine finit par se réveiller dans une chambre qu'elle ne connaissait pas, emplie d'une odeur forte qu'elle ne connaissait pas, on aurait dit que l'air était fait de savon parfumé. Ses habits avaient été posés sur une chaise à côté et le soleil brillait par la fenêtre. Clémentine resta ainsi durant quelques heures, n'osant pas bouger du lit de peur qu'on ne le lui reproche. Et l'homme qu'elle avait rencontré finit par frapper à la porte et rentrer dans la chambre.
« Comment te sens-tu, tu es réveillée depuis longtemps ? »« Non, non, je viens tout juste de me réveiller… Je suis où ? »Armand lui apprit alors qu'il l'avait prise avec lui, indigné du traitement qu'on lui avait fait subir, et qu'il comptait bien transmettre un sacré rapport à la cour martiale des Aériens Français.
« S'il vous plaît, ne faites pas de mal à ma famille… Ils ont toujours été gentils avec moi.. »Clémentine l'implora alors, ses grands yeux embués et il finit par céder. Cependant il la prévint qu'il ne la laisserait pas retourner là-bas se faire maltraiter ainsi. Et au bout de quelques mois il finit par l'adopter. Clémentine se rendit alors compte de l'horreur qu'elle avait pu subir, mais néanmoins elle n'arrivait pas à haïr sa famille. Elle apprit alors l’existence des dons et finit par comprendre ce qui lui arrivait.
Lorsqu'elle eut quinze ans, Armand dut prendre les armes contre son gré et il la laissa donc aux portes du pensionnat Phoebe le plus proche, au Royaume-Uni. Se disant que si il y avait un endroit où elle pouvait avoir un avenir, c'était bien là.